Vendeuil Caply
CAPLY C'EST FINI !
Voici un petit compte-rendu des deux jours de prospection fin juillet dans la source de la Noye, en marge du site gallo-romain de Vendeuil-Caply.
Alors que les archéologues terrestres fouillaient depuis trois semaines le site en contrebas des vestiges du théâtre antique, mettant à jour, entre autre, une rue du troisième siècle après JC, notre équipe a pris possession des vasques qui marquent le début de la rivière. Je rappelle que cette opération a été montée à l'invitation de Vincent Legros responsable des fouilles, et ingénieur de recherche à la DRAC de Picardie, avec comme objectif de déterminer la nature du fond de la source, et son potentiel archéologique, compte tenu de sa proximité avec les vestiges de la cité gallo-romaine. Nous étions quatre plongeurs d'Ile de France (60, 78, 95) munis de leur CAH, renforcé par quatre membres de l'équipe de fouilleurs, pratiquant la plongée et l'archéologie sous-marine. Nous étions sur zone les lundi 27 et mardi 28 juillet.
Procédures :
Conformément au cahier des charges, émis notamment par la police des eaux qui gère ce cours d'eau, nous avons d'abord procédé au compartimentage de la zone, afin de créer des barrages filtrant empêchant le passage des grosses particules dans le courant, ce qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur la faune et la flore en aval. Nous avons tendu du géotextile microperforé, utilisé dans les drainages des fondations, soutenu par des tiges de métal. Plus facile à dire qu'à faire : le courant, même faible, a tendance à faire pocher le tissu, et l'eau a vite fait de passer dessus, dessous, à côté !
Sur les conseils de la même police des eaux, nous avons complété le dispositif, et utilisé des ballots de paille, moyen infaillible selon eux de filtration. Un agriculteur nous a donc gracieusement déposé une trentaine de ballots sur la berge. Là encore, pas si simple, car si le ballot de paille est un excellent filtre, il a le léger (c'est le cas de le dire) inconvénient de … flotter ! D'où un moment de flottement pour notre équipe aussi ! Heureusement, sur une remontée du fond il a été possible malgré tout de les redresser, appuyés au fond, et de mettre en place un barrage somme toute conforme et efficace. Certes l'eau en aval était bien troublée, mais l'état du géotextile lors du démontage a bien montré qu'il avait retenu les grosses particules.
Une petite embarcation type barque de pêche a été descendue. Elle a servi de support à la pompe thermique, qui alimentait alimentait l'aspirateur à sédiment ou suceuse. Il a fallu moins d'une demie journée pour tout mettre en place, et le moteur a commencé à pétarader en fin de matinée.
Le fouilleur tenait la suceuse debout, hors de l'eau (le fond est à environ 60 centimètres), mais, le trou se creusant, il a fallu s'équiper, pour tenir l'aspirateur sous l'eau. Étrange vision que ces bulles sortant d'une eau bourbeuse où des coéquipiers se tiennent debout, de l'eau à mi-cuisses, et d'où émerge par moment un plongeur tout équipé ! Et pour le plongeur le voyage n'est pas moins surprenant : dès la surface passée, on se retrouve dans un noir total, qui, avec le froid qui mord les tempes, est assez angoissant avant qu'on ne s'y habitue, pour devenir presque une expérience intérieure, une sorte de retraite hors du temps, de l'espace, dans 1 mètre d'eau ! À tâtons il s'agit de tenir la suceuse, d'orienter son aspiration vers le fond, et d'y faire tomber à la main ou à l'aide d'une truelle les gravas autour du trou.
À la sortie du tube PVC d'évacuation les gravas et autres débris sont récoltés dans un sac de toile plastique par un aide, qui le dépose une fois rempli sur la berge où il est pris en charge par un autre, déversé et trié par un troisième membre de l'équipe.
En comptant le plongeur c'est donc un groupe de quatre personnes qui occupent un poste. Tous les quarts d'heures nous avons décidé de faire tourner les membres de l'équipe afin que tout le monde participe aux différents postes, et notamment celui de fouilleur sous-marin. Un autre groupe, sur le même principe a creusé à la pelle pliable une tranchée dans un secteur où le fond permettait de travailler sans suceuse.
Résultats :
Le fond de la résurgence s'est avéré plus compact que prévu. Nous pensions trouver un fond de gravillons de craie faciles à aspirer, mais en fait ces pierres sont agglomérées, comprimées, formant un sol dur, cimenté. La progression s'en est trouvée très ralentie. Une dizaine de centimètres sous cette couche, et au milieu de ces petits cailloux de craie sont apparus de gros blocs très durs, de grès très bosselés.
Parmi les gravillons remontés et triés peu de mobilier a été repéré. Il est en cours d'analyse, mais aucun élément antique, mis à part quelques minuscules tessons pouvant provenir de la terre alentour, n'indique un usage ancien du site. Seule une pièce de monnaie est à rapprocher d'un événement historique : dix centimes de 1915, elle peut avoir été perdue par des soldats anglais cantonnés sur la rive droite à cette époque, et dont la mémoire collective a conservé le souvenir de l'aménagement d'un des talus pour permettre d'abreuver les chevaux.
Il est apparu en fin de travail que nous étions selon toute vraisemblance sur le fond minéral de la fontaine. Cette constatation a été confirmée par le cantonnier du village qui se souvient de travaux d'entretien de la rivière qui ont consisté en un curage du fond. À cette occasion d'ailleurs, les quelques vestiges qui ont été déversés avec les gravas sur la rive gauche dataient de la première guerre mondiale, sans doute liés au cantonnement anglais déjà cité.
Conclusion
Pour résumer, cette opération a été réussie dans son 'organisation, les moyens techniques et humains mis en œuvre ont bien fonctionnés, mais le résultat en terme de vestiges bien maigre. Pour autant, à la question de départ à savoir “y a-til des éléments antiques dans la source de la Noye ?” la réponse est apportée, négative.