CDASO

Commission Départementale d'Archéologie Subaquatique de l'Oise

Le HMS Daffodil

 

 

HMS DAFFODIL

EX TF3

 

 

À tout seigneur tout honneur.

 

Cette épave est sans doute la plus plongée à Dieppe. Elle le mérite bien, car elle est une des plus surprenante, à de nombreux égards.

 

Son historique d'abord :

Construit en Angleterre à la fin de la première guerre avec deux autres trains-ferrys (TF1, TF2), il a été conçu pour acheminer directement les armes et les munitions des usines jusqu'au front sans déchargement des wagons sur les navires de transport et rechargement en France. Ces trains-ferrys ont également permis de désengorger les ateliers de réparation, en rapatriant le matériel roulant endommagé jusqu'en Angleterre.

 

    

 

Après la première guerre les trains-ferrys sont retournés à la vie civile, assurant une ligne commerciale entre Harwich et Zeebrugge.

 

Au début de la seconde guerre mondiale le TF2 a coulé devant la pointe d'Ailly alors qu'il tentait de ramener les soldats bloqués dans les poches de la côte normande (opération Dynamo). Les TF1 et TF3, quant à eux ont été transformés pour le transport de petites unités de débarquement, les LCM (Landing Craft Mechanised) et LCI (Landing Craft Infantry) dans le cadre du Débarquement. Leur poupe a été modifiée en plan incliné, du type toboggan de navire baleinier.

 

 

 

 

Après la guerre les trains-ferrys ont permis les transports trans-Manche. Les plans inclinés de poupe ont été utilisés pour loger le tablier d'un pont mobile permettant de charger les trains, et dont les portants étaient également sur le navire.

 

 

 

C'est dans cette troisième configuration que le TF3 a coulé en passant sur une mine dans la nuit du 17 au 18 mars 1945.

 

Son intérêt architectural :

Les trains-ferrys sont extrêmement rares, et sous la forme d'épave encore plus.

L'architecture de ce navire est tout-à-fait unique : de grands entretoisements renforçaient la coque afin de permettre le chargement des wagons sans écrasement du pont.

Les systèmes de chargement, reposant sur des chariots actionnés par un immense treuil à vapeur, et le pont mobile, sont autant d'éléments inédits.

Enfin dans le cadre de son action militaire le navire était armé, est ces armes constituent des vestiges intéressants.

 

Son état de conservation :

Du fait de sa structure renforcée, la coque s'est conservée. Il est donc possible de passer sous le pont principal. On y trouve la salle de chauffe, la salle des machines, et de grandes cales. Il est exceptionnel de voir ces éléments dans leur environnement d'origine.

 

 

Visite guidée de l'épave :

 

La coque est brisée en deux morceaux, séparés de quelques mètres. La portion avant est décalée sur le côté gauche de la partie arrière, dans le même axe. En cas de visibilité réduite, il suffit de suivre le côté bâbord de l'arrière pour trouver le côté tribord de l'avant.

 

 

 

 

 

Ce qu'on peut voir, de l'avant vers l'arrière :

  

Portion avant

Écubiers :

L'écubier tribord est à plat, dépassant un peu de la proue.

 

Le bâbord est au sable, vertical, contre la coque.

 

 

Bras articulé :

Sur le côté tribord un tube de plus de sept mètres descend au sable. Il est fixé sur la coque au-dessus du pont principal, par un système articulé permettant de le déplacer. Il apparaît en position verticale sur de rares photographies d'époque. Son rôle n'est pas clairement établi. Nous pensons qu'il assurait une stabilité plus rigide à quai, pour éviter les mouvements au moment du chargement.

 

 

Guindeau :

Impressionnant guindeau classique, avec système manuel de secours à brinqueballe.

 

 

 

 

Il est sur le pont principal, car le pont supérieur sur lequel il était installé s'est effondré.

 

Cabestans avant : 

Énormes, un de chaque côté. Le moteur à vapeur à deux pistons est parfaitement visible.

 

 

 

Grand treuil avant :

En position centrale il permettait de manœuvrer les chariots de chargement des wagons. Il est composé d'un moteur à vapeur (deux cylindres horizontaux pas facile à distinguer) avec des engrenages à chevrons, sur le côté droit, et le treuil proprement dit, un très large tambour portant encore son câble d'acier.

 

 

 

Chariots :

En arrière du grand treuil, ils recevaient les LCM puis les wagons et les distribuaient sur les rails. Un des deux chariots, le plus large est brisé en plusieurs morceaux avec un élément sur le cabestan bâbord, un autre au sable côté bâbord.

 

 

 

Tourelles, armes :

La tourelle tribord est bien visible. L'affut de mitrailleuse est encore debout près du centre de la tourelle. Le canon est à plat, quelques mètres en arrière. Des caisses de munitions sont disposées autour.

 

 

 

La tourelle bâbord est plus dégradée. On retrouve son axe, l'affut de la mitrailleuse et le canon sont plus au centre.

 

 

 

 

Petits treuils à main :

En arrière des tourelles, le treuil droit est plus identifiable, le gauche est disloqué, ses joues et sont tambour sont dispersés.


 

 

  

Baignoire :

Une curiosité ; sous les tôles de la portion avant, derrière la tourelle tribord.

 

 

Rails :

Le train de rails longitudinaux aboutissent à une série de rails en travers sur lesquels étaient disposés les petits chariots.

  

Les cales :

À l'avant l'espace sous le pont est immense. On peut s'y déplacer en toute sécurité, sans aller trop loin, car les accès sont larges et très lumineux. Attention cependant de ne pas déplacer le sédiment, ce qui risque de réduire rapidement la visibilité.

 

 

 

 

 

 

Portion arrière

 

Les rails sont mieux conservés.

Disposés évidemment dans l'axe de la coque, ils servent de guide et de repère pour se déplacer.

 

Ancres, guindeau brisé :

Au milieu de cette portion on trouve une ancre de type Byers à côté d'un axe de guindeau ; une ancre à jas mobile (type Amirauté), avec son jas disposé sur le côté, et un piston du guindeau sont à proximité. Nous pensons que ces éléments ont été déchargés ici à l'occasion d'arasement d'autres épaves ou de travaux sur le port.

 

 

Coursive bâbord :

C'est un élément caractéristique et très photogénique. Elle est conservée sur plus d'une dizaine de mètres. Attention aux hameçons qui pendent dans les ouvertures.


 

Pompe de cale :

Dans la coursive, encore en place en 2013, elle est tombée en 2014.

 

 

 

Petit treuil bâbord :

Sous la coursive, il actionnait le pont mobile.

 

 

Grand treuil bâbord :

En arrière du petit treuil, il a été installé à la place du guindeau bâbord.

 

 

Petit treuil tribord :

Symétrique du petit treuil bâbord.

 

 

Grand cabestan :

Identique à ceux de l'avant, situé sur le côté tribord. Son moteur à vapeur, à pistons horizontaux, est particulièrement visible.

 

 

Pont mobile :

Cet élément énorme est parfois difficile à appréhender, notamment en cas de visibilité réduite. Le tableau est posé en travers dans la glissière où il prenait place, en partie appuyé sur la rambarde droite, incliné sur le côté gauche.

Le portique qui soutenait le pont par un jeu de câbles est couché sur l'arrière. Les deux montants sont plus ou moins dans l'axe du navire, les pieds à plat sur le pont, le linteau est plié sur l'arrière du pont mobile.

 

 

Entrepont :

Sous le pont principal la pénétration est possible, car il y a souvent de larges brèches. Il est nécessaire d'être prudent et de toujours vérifier la présence de plusieurs sorties possibles. L'intérieur est parfois très encombré, et étroits. Le côté avant droit est plus écrasé.

 

 

Chaudières :

Elles ont un système de tirage forcé de type Howden, dont les restes des tubes sont situés au-dessus des foyers. Un des ventilateurs qui alimentaient ce système est visible trouvent en arrière, du côté gauche.

 

 

Moteurs :

Les deux énormes moteurs à triple expansion sont bien conservés. Difficiles à voir dans leur totalité par manque de recul dans des volumes étroits, ils se distinguent par leurs bielles sur glissière.

 

Un condenseur commun, triangulaire, est situé au milieu.

 

Les cales arrières comportent d'autres éléments (générateurs électriques, moteurs auxiliaires,...) dont le rôle nous échappe. De nombreux systèmes et câbles électriques sont encore en place, ainsi que tout le tuyautage vapeur.

 

 

Système de gouverne :

Les deux safrans sont actionnés par un jeu de chaines visibles dans leur glissière.

 

 

 

 

 

Pour en savoir plus :

La fiche du site du GRIEME, avec des informations techniques et de belles illustrations, développées dans les livres “Saga des épaves de la Côte d'Albatre” : http://www.grieme.org/pages/index2.html.

 

Très belle présentation sur le site du GCOB, avec des fiches très complètes d'autres épaves : http://www.gcobplongee.com/Files/daffodil.swf.

 

Autre présentation, et très belles photographies sur le site du Club Subaquatique de Rouen :

http://frenchdiver-wim-csr.jimdo.com/epaves-wrecks/trainferry-tf3-daffodil/

 

 

 

Pour découvrir le Daffodil :

Clubs de plongée prenant des extérieurs à partir de Dieppe :

Club de Dieppe : CSSMD : http://cssmd.free.fr/

GCOB : http://www.gcobplongee.com/accueil_2843.htm

CSR : http://www.csr-plongee.com

 

Pour les autonomes : on peut mettre à l'eau un zodiac sur la cale de Neuville les Dieppe (à côté de l'église).